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L'économie de la mutualité

Bruno Roche était notre invité dans l'émission du 7 juillet 2020.


Chef-économiste du groupe Mars, et co-créateur du Laboratoire de l’Économie de la Mutualité à l’Université d’Oxford. En 2020, il fonde Economics of Mutuality, une innovation en matière de gestion permettant aux entreprises d'adopter un modèle économique plus responsable, plus juste et efficace que celui que nous connaissons aujourd'hui. Il nous parle de l'économie de la mutualité et de la possibilité d'inventer d'autres modèles pour les entreprises afin de les mettre au service du bien commun et de ce qui compte vraiment.


Au programme :

- L'article l Une interview de notre invitée

- Le récap' l Le replay de son intervention accompagné d'une synthèse

- Pour aller plus loin... l Des ressources pour approfondir les sujets abordés



Vous êtes sur le point de lancer la Fondation de l’Économie de la Mutualité. D’où vous est venu ce projet ?


Je me souviens que dès 2006, le président du Conseil d’Administration du groupe Mars challengeait son comité exécutif car il ne souhaitait pas augmenter le niveau des profits afin de ne pas fragiliser la chaîne de valeur et éviter, en augmentant les marges, de créer un appel d’air pour la concurrence. Sa vision n n’était pas philanthropique mais pragmatique : quel est le juste niveau de profit pour maximiser la performance et faire prospérer mon entreprise et son écosystème ?


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Elargir la notion de ce qui est capital - Bruno Roche



Quel devrait être le juste niveau de profit?


C’est cette question, posée par le PDG de Mars,Inc qui nous a poussé à lancer le projet Economics of Mutuality.

On ne cherche pas à définir si l’on fait « trop d’argent ou pas assez», mais à maximiser la performance de l’entreprise pour l’écosystème dans lequel elle fonctionne. Plusieurs options s’offraient à nous pour y répondre mais nous voulions une réponse approfondie, et pour ce faire nous avons initié le think tank Economics of Mutuality.


Quel a été le fil conducteur de vos recherches? Vers quelles conclusions ont-elles mené?


Au cours de nos recherches, nous avons fait face à un angle mort dans la littérature économique sur le sujet.

La théorie néoclassique supporte l’argument de la maximisation du profit et sa redistribution aux actionnaires. Il existe cependant plusieurs raisons de considérer cette idéologie désuète pour analyser l’économie actuelle.


1- Le changement des rareté dans l’écosystème

L’économie, par essence, vise à trouver des modèles pour gérer la rareté. Dans les années 70, à l’essor de la théorie néoclassique, les capitaux financiers représentaient davantage des outils de liquidités plutôt que des outils de liquidations. Au vu de leur rareté dans le marché, il y avait un sens à créer des théories économiques pour ce type de capital. Or, les capitaux financiers sont aujourd’hui très abondants, ce modèle aurait besoin d’être ajusté. Par ailleurs le capital naturel a eu une évolution inverse, il était abondant il y a 50 ans et l’est beaucoup moins aujourd’hui.


2- La prépondérance des multinationales face aux autres parties prenantes

Depuis les années 70, les entreprises sont devenues plus puissantes que les états. A contrario de ces derniers, elles peuvent opérer de manière globale (sans limite de frontières) et ont plus de capacité d’action (moins de dettes et plus d’accès au marché). Les entreprises sont devenues des acteurs politiques mais sans être équipées des outils de management et gouvernance qui correspondent à leur taille et leur pouvoir.


3- La transition d’une économie de service vers une économie de la connaissance

Nous assistons aujourd’hui à une transition de l’économie des services vers une économie de la connaissance. Cela signifie que le sous jacent pour création de valeur n’est plus capital financier mais les capitaux humains et sociaux. Les nouvelles parties prenantes sont les acteurs détenant un accès aux technologies, aux relations entre les êtres humains.


Peux-tu nous parler de la naissance du concept d’économie de la mutualité?


Le capitalisme financier impose des rapport de force entre les parties prenantes, les valeurs sont extraites à l’avantage de quelques-uns. A l’inverse, le think-tank Economics of Mutuality vient poser la question de la relation que l’on peut entretenir avec parties prenantes. Il vise à construire un modèle économique basé sur un rapport de réciprocité.

La transition vers une économie de la mutualité implique plusieurs étapes…


1-Transformer la raison d’être de l’entreprise

L’entreprise doit décentrer sa place et rentrer dans une dynamique où sa raison d’être deviendrait la maximisation des solutions profitables pour l’ensemble des acteurs de l’écosystème. Autrement dit, L’entreprise pourrait placer sa stratégie autour de la résolution de problèmes rencontrés par son écosystème ou autour de la création de nouveaux produits.


2- Cartographier les écosystèmes et points de tension par rapport à la raison d’être


3- Adapter le modèle de création de valeur

Avant les années 80, pour être une bonne boite il fallait bien produire et savoir vendre. Les années 80 ont marqué l’invention du marketing, l’entreprise a depuis le besoin de se créer une identité de marque. Nous assistons au même tournant aujourd’hui pour les entreprises. Les parties prenantes avec qui ils interagissent attendent qu’elles fassent le pas stratégique d’investir dans leur écosystème.


4- Développer de nouveaux modes de construction du profit grâce à de nouveaux outils de management

Il est peu pertinent d'utiliser les méthodologies de comptabilité actuelles pour analyser ces nouveaux modèles, qui reposent sur d’importants investissements en capital humain et social, dans le but de gérer des choix stratégiques car ces outils ne sont pas alignés avec le contexte dans lequel la valeur va se créer.



📙 Bruno Roche and Jay Jakub : Completing Capitalism


📙 Klaus Schwab : Stakeholder Capitalism


🎥 Documentaire : La Corporation


👊 Institut du Capitalisme Responsable : Découvrir les travaux


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