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Vers une démocratie délibérative : l'exemple de la Convention Citoyenne pour le Climat

Loïc Blondiaux et Mathilde Imer étaient nos invité.e.s dans notre émission du 14 avril 2020.


Loïc Blondiaux est professeur de sciences politiques, et travaille depuis quinze ans sur les sujets de démocratie participative. Mathilde Imer est quand à elle fondatrice du mouvement GilletsCitoyens et co-présidente de Démocratie Ouverte, association vouée à l’innovation démocratique. Depuis 2019, ils sont tout deux membres du comité de gouvernance de la Convention Citoyenne pour le Climat.


Dans cette première saison consacrée à la crise du Coronavirus, nos deux invité.e.s nous démontre qu’un collectif de citoyen.ne.s tiré.e.s au sort est parfaitement capable de formuler des propositions pertinentes afin de faire advenir la transition écologique. "L'après", c'est donc maintenant à travers nos réflexions, nos propositions, nos actions.


Au programme :

- L'article l Une interview de Loïc Blondiaux

- Le récap' l Le replay de leur intervention accompagné d'une synthèse

- Pour aller plus loin... l Des ressources pour approfondir les sujets abordés



Peux-tu nous rappeler comment est née la Convention Citoyenne pour le Climat ?


La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) a une histoire plurielle et complexe.

Sur le temps long, elle s’inscrit dans la suite d’un certain nombre d’expériences démocratiques ayant eu lieu au Canada, en Irlande, en Islande, et qui ont permis d’envisager la possibilité que des assemblées citoyennes tirées au sort puissent participer au processus constitutionnel ou législatif.

Sur le temps court, la CCC s’ancre dans le contexte de la crise des Gilets Jaunes et dans leur demande de plus de démocratie et de participation citoyenne. L’idée concrète de cette CCC est née d’un texte porté début 2019 par un collectif de citoyens et chercheurs intéressés par l’innovation démocratique, les Gilets Citoyens.


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Loïc Blondiaux - construire ici et maintenant le monde d'après




Pourquoi avons-nous besoin de démocratie participative ?

Aujourd’hui les démocraties représentatives et les gouvernants sont très affaiblis. Leurs concurrents (les courants autoritaires et/ou d’extrême droite) qui veulent remettre en cause notre démocratie n’ont jamais été aussi forts. Or, si nous n’associons pas les citoyen.ne.s au processus de décision, un certain nombre vont préférer cette alternative qu’est l’autoritarisme. Ensuite, avec la menace du changement climatique nous devons compter sur la mobilisation de l’ensemble des citoyen.ne.s car ils vont devoir adopter des changements de vie profonds. Il faut concilier l’idéal démocratique avec la transition écologique.

Pour que la démocratie participative fonctionne, il faut des conditions. Tout d’abord un enjeu, que les citoyens se sentent concernés par celui-ci et que leur participation serve à quelque chose. Puis, de l'ingénierie, des qualités d’animation, d’organisation, un professionnalisme pour organiser la discussion. Enfin, il faut que les citoyens soient sélectionnés de façon aléatoire pour qu’il n’y ait pas de biais.


Quelles sont les premières observations/conclusions de la CCC ?

Les conclusions sont nombreuses même si les travaux ne sont pas finis. La première (qui est positive) est que 150 citoyen.ne.s représentatif.ve.s de tous les niveaux sociaux se sont mobilisé.e.s, ont accepté de jouer le jeu pendant 6 mois et sont parvenu.e.s à l’heure qu’il est à sortir un document d’une centaine de pages avec des propositions visant à limiter les émissions de GES.


Comment en tant que citoyen.ne pouvons-nous nous emparer de ce processus ?

Les territoires n’ont pas attendu la CCC pour s’en emparer même si cela reste de plus faible ampleur (budget, logistique, etc.). C’est avant tout un changement de mentalité : nous devons arrêter de croire que ce sont les meilleur.e.s d'entre nous qui ont le pouvoir et faire de la pédagogie pour les autres et être persuadé.e que la valeur du savoir de chacun.e a une vraie valeur démocratique.

La force de l’intelligence collective commence à être reconnue par de plus en plus d’acteur.rice.s. Mais il va falloir rompre avec deux modèles : celui du pouvoir des savant.e.s, des expert.e.s, qui est censé répondre à l’ensemble des problèmes, et dont on voit aujourd’hui apparaître les limites. Un des points les plus fondamentaux de l’expérience de la CCC est d’avoir mis l’expertise en démocratie. Les citoyen.ne.s ont été formés mais n’ont pas été transformés en spécialistes. Ils ont reçu une information diversifiée, contradictoires leur ayant permis de poser les bonnes questions aux expert.e.s.

L’autre modèle est celui que développe le populisme d'extrême droite qui défend que le peuple détient la vérité et que s’il fait confiance à une personnalité celle-ci va pouvoir le représenter.

Nous devons défendre l’hypothèse d'un troisième modèle dans lequel le savoir est distribué, où l’on reconnaît que c'est la connaissance que les citoyen.ne.s ont de leur environnement qui importe pour prendre les décisions les plus importantes.




🎥 DataGueule : Démocratie(s) ?



📙 Pierre Rossanvalon, Edition du Seuil : "Le siècle du populisme"



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